- écharde
-
• déb. XIIIe; escherde v. 1165; frq. °skarda « éclat de bois »♦ Petit fragment pointu d'un corps étranger (éclat de bois, épine) qui a pénétré sous la peau par accident. Avoir une écharde dans le doigt.écharden. f. Petit éclat d'un corps quelconque, et partic. de bois, entré dans la peau par accident.⇒ÉCHARDE, subst. fém.Petit corps effilé et pointu, de bois ou de métal, qui se fiche accidentellement dans la peau ou dans la chair. Extraire une écharde. Elle [Tiennette] s'était fait saigner encore, acharnée sur une longue écharde, à l'aide d'une épingle (ZOLA, Rêve, 1888, p. 84). Des échardes s'enfonçaient dans les ongles des doigts (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 124).♦ P. métaph. ou p. compar. [À propos de ce qui constitue un élément étranger, souvent pénible] Tu n'es pas chez toi, intrus; tu es dans le monde comme l'écharde dans la chair, comme le braconnier dans la forêt seigneuriale (SARTRE, Mouches, 1943, III, 2, p. 98) :• Il n'est pas un de ses personnages [de Dostoïevsky] qui ne porte cette écharde dans la chair, qui ne l'irrite ou qui n'y cherche un remède dans la sensation ou l'immoralité.CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, p. 151.— P. anal. Fragment déchiqueté et pointu. Les bois éclatés, déchirés, (...) menaçaient (...) de l'enfiler au passage, à la pointe de leurs échardes, aiguës comme des épées (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1368). Ces échardes de pierre, ces crêtes sagittées (MORAND, Route Indes, 1936, p. 163).Rem. LITTRÉ, DG et la plupart des dict. encyclop. attestent en outre l'emploi du mot comme nom vulg. de l'épinoche, poisson porteur de piquants.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Av. 1105 esjarde « écaille (de poisson, de serpent) » (RASCHI Blondh. t. 1, p. 53, 400, forme isolée)]; ca 1165 escherde (B. DE STE-MAURE, Troie, 1919 ds T.-L.); ca 1223 escharde (G. DE COINCY, Miracles de Nostre-Dame, éd. V. F. Kœnig, II Mir. 19, 187) — 1388 eschardre (Gloss. de Conches ds GDF.); 2. 1re moitié du XIIIe s. [ms.] « petit fragment de bois qui entre accidentellement dans la peau » (Continuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 2, 19207), attest. isolée; de nouv. 1530 (Continuation de Perceval ds HENRY, pp. 93-94). De l'a. b. frq. skarda « éclat (de bois) », cf. all. Scharte « brèche ». La forme escherde, propre à l'Ouest de la France, s'est maintenue jusqu'au XIVe s. (Recettes médicales ds Rom. t. 37, p. 372). Fréq. abs. littér. :28. Bbg. HENRY (A.). De Mehalet l'Escardée à Godefroy et à Littré. In :[Mél. Roques (M.)]. Bade-Paris, 1950, t. 1, pp. 99-127.
écharde [eʃaʀd] n. f.ÉTYM. Déb. XIIIe; escherde, v. 1165; du francique skarda « éclat de bois », p.-ê. selon P. Guiraud avec un croisement avec un gallo-roman excarpitare qui aurait donné l'anc. franç. escart « brèche », d'où escarder « ébrécher ».❖♦ Petit fragment pointu d'un corps étranger (éclat de bois, épine, piquant végétal…) qui a pénétré sous la peau par accident. || Avoir une écharde dans le doigt, le pied. || Retirer, extraire une écharde. || Écharde qui provoque un panaris.♦ Par comparaison :1 Elle était dans sa pensée comme une écharde dans le doigt, d'autant plus douloureuse qu'on la voit à peine.Edmond Jaloux, le Dernier Jour de la création, VIII, p. 98.2 (…) il m'a fait mal, je le porte comme une esquille de bois sous mes ongles, comme une escarbille brûlante sous mes paupières, comme une écharde dans mon cœur.Sartre, le Sursis, p. 83.♦ Par anal. Pointe. || Des échardes de fil de fer barbelé.♦ Par métaphore :3 Bertrand Gay-Lussac, écharde dans ma chair (j'en ai physiquement encore souffert hier), pointe sensible sur le disque de la vie. Dès ma quatorzième année j'ai ainsi été mis à jamais en contact avec ce que les enfants ignorent et ce dont les adultes se détournent : la douleur et la mort.Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 201.
Encyclopédie Universelle. 2012.